Après un quatrième album, Birth(s), en 2016, qui les ramenait à l'alchimie fondamentale et radicale de leur duo, Steve Perreux (guitare, chant) et Dimitri Chaillou (batterie, chant) continuent d'interroger leurs propres frontières géographiques et musicales, entre post-rock frontal, noise frénétique, chants polyphoniques et diversions instrumentales. Avec ce cinquième album, V (qui sortira en octobre 2023), et ses six chansons aux titres évoquant chacun une ville visitée pendant leurs récentes tournées, le ROBOT ORCHESTRA s'invente de nouvelles villégiatures voyageuses et résolument Européenne.
De la Tchéquie à l'Espagne, de la Slovénie à la Lettonie, en passant par la Pologne, l'album s'écoute comme on compulse un récit de voyage, assumant tranquillement sa maturité comme sa longue maturation. Entre rythmiques furieuses, frénésies électriques, longues plages instrumentales, digressions atmosphériques et lignes vocales naviguant entre mélodie pop et cri cathartique, chaque chanson semble définir son propre territoire de recherches, d'inventions sonores et de richesses mélodiques. Cinétique dans son utilisation des cordes (violon, violoncelle) comme des insertions électroniques, ce rêve éveillé en mille-feuilles concasse en cohérence Radiohead et Fugazi, le prog, le kraut et le matrock, la fureur et l'apaisement, l'agitation et la paix, la complexité et la simplicité.
Cette petite merveille d'exploration sonique et de furie maîtrisée tisse un genre de fascinante uchronie rock'n roll, inventant un monde de souffle et de décibel comme il pourrait bien en advenir. Avec au cœur du réacteur, l'alchimie de ce duo toujours en fusion, augmenté de Johan Gardré (violon) et François-Pierre Fol (violoncelle) pour sa version « live ».