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Formé autour de Philip Lithman alias Snakefinger, The Residents est un quatuor originaire de Shreveport, en Louisiane. En 1966, le groupe déménage pour San Francisco où il produit un spectacle en forme de happening emaillé de chansons originales ou décompositions de reprises.
Désappointé par le refus de Warner de le signer, le combo adopte le nom The Residents en référence au courrier anonyme renvoyé à l'adresse des « résidents », et décide de créer son propre label, Ralph Records. Première parution : le double single « Santa Dog » (1972) dont les 300 exemplaires sont expédiés à des personnalités allant de Frank Zappa au Président Richard Nixon.
En 1974 sort l'album Meet the Residents dont la pochette pastiche celle du premier album américain des Beatles (au verso, les musiciens déguisés en poissons se rebaptisent John, Paul et George Crawfish et Ringo Starfish). Avec seulement 40 exemplaires vendus, c'est un échec total pour le groupe qui continue néanmoins avec Not Available (« Indisponible »), enregistré la même année mais paru seulement quatre ans après son placement dans un coffre fort. The Third Reich'N Roll, en 1976, déclenche une nouvelle polémique : les deux pièces de son contenu, « Svastikas on Parade » et « Hitler Was a Vegetarian », déflorent des classiques du rock et son contenant bourré de références au nazisme met en scène le présentateur TV Dick Clark.
Alliage de styles divers où s'entrechoquent jazz, musiques électroniques, classique et easy listening, la musique de The Residents ne ressemble à aucune autre et ne fédère pas grand monde, hormis les curieux attirés par ces quatre olibrius ornés de costumes en queue--de-pie et de globes oculaires. Les rumeurs les plus folles courent après cet anonymat conceptuel. Le discours de The Residents est à l'avenant, qui étrille la société de consommation américaine à travers les albums Eskimo (1979) et Commercial Album (1980, avec Fred Frith et Chris Cutler) constitué d'une quarantaine de pièces d'environ une minute chacune.
En 1981, Mark of the Mole ouvre une trilogie (« à quatre parties ») assortie d'un concept métaphysique où s'affrontent Moles et Chubs ; elle est complétée parThe Tones of Two Cities (1982) et The Big Bubble (1985). Le Mole Show de The Residents tourne à travers le monde. George & James (1984) confronte deux Amériques, celle de George Gershwin et celle de James Brown, tandis que Stars and Hank Forever (1986) célèbre John Philip Sousa et Hank Williams. God in Three Persons, remarquable exercice de blues destructuré paru en 1988, paraît sur le label New Ralph Records après la faillite du précédent. Son successeur The King and Eye s'intéresse à Elvis Presley.
La parution de Freak Show en 1991 coïncide avec la réédition d'albums introuvables depuis longtemps. Un CD-ROM interactif prolonge l'expérience d'écoute de l'album. Idem pour Have a Bad Day (1996) qui sert de bande originale au jeu Bad Day on the Midway. A moitié assagi mais loin d'être récupéré, et toujours masqué, The Residents fête ses trente ans d'exercice par la compilation Our Tired, Our Poor, Our Huddled Masses (1997), suivie par Wormwood: Curious Stories from the Bible (1998) et le live Roadworms: Live in Berlin (2000).
En 2001, le groupe rassemble ses vidéos et autres performances visuelles dans le DVD Icky Flix. La tournée qui suit convie Molly Harvey à chanter sur des duos. En 2002, le conceptuel Demons Dance Alone se veut pop et réfléchi en évoquant les attentats du 11 septembre 2001. Il est suivi au cours de la décennie d'une quinzaine d'autres albums originaux, deux albums de remixes, quelques compilations secrètes et DVD thématiques. Parmi les albums figurent Animal Lover en 2005, River of Crime en 2006 (album podcastable), The Bunny Boy en 2008 (et sa séquelle en DVD) et The Ughs! en 2009. Cette année-là, le groupe propose son fameux Mole Show dans une version kabuki (!). L'album Dollar General (2010) est remixé en Dolor Generar (2001) après la parution de Lonely Teenager. En 2017, quatre ans après Mush-Room paraît The Ghost of Hope, auquel participe l'ancien musicien de Captain Beefheart, Eric Drew Feldman.
