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Au milieu des années trente, à Brownie, dans le comté de Muhlenberg (Kentucky), les frères Charlie, Isaac Ike et Leonard Everly sont fameux pour leur technique guitaristique (apprise d’oreille, incapables qu’ils sont de déchiffrer la musique) et leurs concerts endiablés.
A la radio ce soirEn 1935, Ike épouse la fille d’à côté, une certaine Margaret Embry. Le temps de lui faire un enfant – le petit garçon, né le 1 février 1937, se prénommera Isaac Donald Don -, la famille déménage à Chicago, où naît Phillip, dit Phil, le 19 janvier 1939. Le père de famille, préfère chanter dans les honky-tonks et autres bouges de Madison, que pousser des wagonnets au fond des mines de charbon du Kentucky. Il devient bien vite animateur de radio dans l’Iowa : c’est là que grandissent ses deux rejetons.
Don et Phil s’invitent alors régulièrement – et simplement âgés de six et huit ans - dans l’émission de leur papa. Mais c’est en fait toute la famille (la mère se joint à eux) qui produit le Everly Family Show. Après un détour par l’Indiana, le quatuor familial s’installe dans le Tennessee, où il se lie d’amitié avec le légendaire guitariste Chet Atkins, qui accompagne les deux frères dans ses premières sessions.
NashvilleC’est donc à Nashville que leur premier disque est enregistré sur le label Cadence Records, à l’instigation du directeur artistique Archie Bleyer : « Keep a Lovin’ Me » ne recueille qu’un succès d’estime, mais au printemps 1957, les frères Everly portent leur dévolu sur une chanson méprisée par les autres artistes de la communauté (y compris Presley). « Bye Bye Love », - dont Simon and Garfunkel donneront une fidèle version - signé Boudleaux (violoniste de formation classique, mais amoureux de country) et Felice Bryant, sera un énorme tube dans les charts country, rhythm and blues et pop, simplement supplanté par le « (Let Me Be Your) Teddy Bear » d’Elvis Presley, et se vendra à plus d’un million d’exemplaires.
Trois fois trois millionsDès ce coup d’essai, la marque de fabrique des Everly Brothers (la guitare virtuose de Don, des harmonies vocales à la tierce, et le chant de Phil) est d’ores et déjà déposée au musée du rock. Le 16 août 1957, le duo double la mise avec « Wake Up Little Susie », premier 45 tours américain édité avec une pochette illustrée, nouveau numéro un, et derechef vendu à plus d’un million d’exemplaires. Troisième déflagration, « All I Have To Do Is Dream », enregistré le 6 mars 1958, devient un troisième numéro un, et se vend un nombre équivalent d’exemplaires. Le premier album du groupe – qui est déjà crédité de 40 millions de copies écoulées - est édité la même année.
Sept ans de succèsUne signature sur le label majeur Warner ne ralentit pas la cadence : c’est leur propre composition « Cathy’s Clown » (adaptée en français par Johnny Hallyday sous le titre « Le Clown de ton cœur » qui s’écoule à plus de huit millions d’exemplaires, et devient le plus phénoménal succès du duo. Les hits se succèdent avec une régularité triomphale : « So Sad (To Watch Good Love Go Bad) » (1960), « Walk Right Back » (1961), « Crying in the Rain » (qui sera repris par les Norvégiens A-ha), et « That’s Old Fashioned » (1962). Des problèmes contractuels les font malheureusement se séparer des Bryant, compositeurs emblématiques.
Dans la marineAlors qu’ils sont devenus d’incontournables vedettes du Grand Ole Opry (La Mecque de la musique country, et rendez-vous phare du genre), les deux frères intègrent le corps des Marines durant quelques mois à partir de 1961, enregistrent de nouvelles versions de leurs premiers succès, tout en conservant un aura indiscutable au Canada, en Australie, et au Royaume-Uni. Ils suivent tous deux des cours d’art dramatique, sans que suive la moindre proposition.
La machine s'essouffleDès 1962, Don développe une addiction aux amphétamines, et manque de disparaître, victime d’une overdose. En 1966, l’album In Your Image montre une influence à rebours des Beatles, alors que, la même année, Two Yanks in England, enregistré en compagnie de The Hollies, poursuit l’instauration du pont entre les pionniers du rock, et les jeunes groupes qui font désormais l’actualité.
En 1968, Roots est salué par les critiques, sinon par les ventes de disques. C’est à partir de 1970 que Don Everly tente une carrière séparée.
SéparationLe 14 juillet 1973, Phil Everly fracasse sa guitare durant un concert californien, laissant son frère seul sur scène : c’en est momentanément fini des Everly Brothers, qui ne s’adresseront plus la parole dix années durant. On ne les verra en effet plus ensemble jusqu’aux obsèques de leur père (1975).
En 1979, Don Everly enregistre un duo avec Emmylou Harris, et Phil participe à l’album de J.D. Souther You’re Only Lonely.
RetrouvaillesEn 1983, l’album EB 84 (On The Wings Of A Nightingale) - produit par Dave Edmunds, qui enregistre au sein du groupe Rockpile, et avec son compère Nick Lowe, quatre chansons du tandem - une participation à l’album Graceland de Paul Simon, et un concert au Royal Albert Hall de Londres (dont la cheville ouvrière reste le guitariste Albert Lee) les voit réunis.
En 1986, paraît l’album Born Yesterday, et, la même année, le duo – qui est souventes fois rejoint sur scène par Edan, guitariste, chanteur, et fils de Don - est honoré (parmi les dix premiers artistes dans ce cas) par le Rock and Roll Hall of Fame. On peut également, et toujours en 1986, piétiner leur étoile sur Hollywood Boulevard.
Au mois de juin 1987, le compositeur, emblématique de leur carrière, Boudleaux Bryant, décède. Phil Everly s’essaie à son tour à un enregistrement (éponyme) en solo, aidé dans sa tache par Mark Knopfler (Dire Straits).
Jours tranquilles dans le sudEn 1989 paraît leur dernier album commun à ce jour, Some Hearts.
En 1994, Phil retrouve un ami de longue date, l’Anglais Cliff Richard, pour un nouvel enregistrement de « All I Have to Do Is Dream », qui est un hit.
Au mois de février 1997, les Everly Brothers, qui se consacrent désormais exclusivement à la scène, sont gratifiés d’un Grammy Award attribué à l’ensemble de leur carrière.
Dès 1999, Don prend l’habitude de se produire avec son fils Edan sous le nom de The Everly Brothers.
En 2006, Phil croise la route en studio de Vince Gill pour l’enregistrement de la chanson « Sweet Little Corrina ».
En 2007, l’ancien chanteur de Led Zeppelin Robert Plant enregistre une version de l’un des plus grands succès des Everly Brothers, « Gone Gone Gone ».