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Parmi les groupes français emblématiques des années 80 n’ayant pas su se couper de l'afféterie d’une décennie somme toute particulière sur le plan esthétique et musical, Gold et Images apparaissent comme les enfants chéris de l’époque. Avec « Calicoba », « Capitaine abandonné », « Ville de lumière » et « Laissez-nous chanter », Gold compte ses ventes en millions de 45-tours et d’albums au milieu de la décennie 1980, squattant les sommets du Top 50 et ne laissant, en 1986, leur première place qu’à un autre groupe toulousain... Images, qui lui-même cartonne avec « Les Démons de minuit ».
Une cité, deux groupes. La ville rose semble bien décidé à conquérir la France des boîtes de nuit et des pistes de danse. Mais en 1990, suite à un différent artistique, Emile Wandelmer abandonne Gold pour tenter sa chance en solo. La même année, Images, qui était jusqu’alors un trio, se sépare du bassiste Frédéric Locci et commence alors à s’étioler dans l’esprit du public. Si Emile Wandelmer sort deux albums honnêtes mais pas franchement renversants en 1991 et 1993 (Lover Café et Cavalier en Turban), il ne parvient pas à renouer avec le succès passé de Gold et ce n’est que lorsque son nouveau groupe (fort justement nommé Toulouse) reprend les anciens standards « goldiens » sur scène, que le public applaudit à tout rompre.
De leur côté, Mario Ramsamy et Jean-Louis Pujade peinent à redonner un second souffle à Images, qui ne se remet pas du départ de son bassiste. Pour les reliquats des deux formations, la décennie 1990 s’avère particulièrement dure à traverser.
Deux en unEn 1999, lassé de faire la tournée des clubs de province devant des publics de moins en moins nombreux, Emile Wandelmer se rapproche des deux anciens membres d’Images qui connaissent les mêmes soucis que lui. Les deux formations ayant déjà eu l’occasion de travailler ensemble par le passé (pour les besoins du 45-tours « Le Cœur en exil »), c’est tout naturellement que l’idée d’une collaboration artistique est entamée. Quant au patronyme de ce nouveau groupe né des reliquats de deux groupes majeurs de la scène française des eighties, il vient tout naturellement : Emile et Images, tout simplement.
Jouant habilement du petit buzz médiatique que constitue la synthèse de ce groupe « deux-en-un », Emile et Images (auquel sont venus se greffer le guitariste Alex Mayemba, le bassiste Roger Thomas et le pianiste Lindsay Thomas) surfent sur la vague de nostalgie en sortant coup sur coup le single « Jusqu’au bout de la nuit » et l’album homonyme, qui reprend en partie les grands standards des deux formations d’origine. Pas de création originale pour ce premier album, mais des remixes de tubes à succès qui fonctionnent essentiellement à l’affectif. Trentenaires et quadragénaires redécouvrent avec une larmichette à l’œil les succès de leur jeunesse avec l’impression de retrouver de vieux copains oubliés et les plus jeunes sont également réceptifs aux titres sympathiques et dansants d’Emile et Images qui occupent un créneau festif alors laissé vide par le déclin de l'euro-dance dans les discothèques.
Retour en grâceUne tournée triomphale démontre que le public n’a pas oublié ces vedettes. Et de leurs côtés, Emile et Images démontrent que, s’ils ont pris quelques kilos et perdus quelques cheveux, ils n’en ont pas moins conservé la grande forme des débuts. L’Olympia, en 2001, les accueille à guichets fermes et le public allume avec ferveur ses briquets au rythme de « Ville de lumière », « Maîtresse », « Rio de janvier » ou « Les Démons de minuit ». Un double live, enregistré à l’occasion caracole en tête des ventes lors de l’été 2001. Retour gagnant pour les Toulousains, qui capitalisent sur la nostalgie des années 1980.
Renouvellement des genresToutefois, la simple nostalgie ne saurait constituer un tremplin suffisant pour un retour sur la longue durée, d’autant que Mayemba, Wandelmer et Ramsamy désirent s’atteler à la l’écriture de titre inédits après presque dix ans de pages blanches. Le résultat de ces cogitations sort dans les bacs en 2003 et de l’avis de la critique, Toujours Devant se révèle plus mûr et travaillé que ce que les Toulousains ont pu produire jusqu’alors. L’influence de Wandelmer est omniprésente sur cet album qui rappelle davantage Gold qu’Images et évoque, tout au long de longues ballades bien léchées, aussi bien la quête de l’amour impossible que certains événements du moment comme l’explosion de l’usine AZF à Toulouse.
Si l’alliance vocale entre Emile et Mario est parfaite, l’album souffre cependant d’un gros défaut : laissant de côté les synthétiseurs (trop « années 80 »), le groupe recourt systématiquement aux guitares et donne, au fur et à mesure de l’écoute du disque, une sévère impression de manque d’originalité sur l’ensemble. Autre souci de taille: si l’album s’avère de qualité, il ne séduit pas une partie du public, pour qui Emile et Images évoque plutôt la fête, aux pistes de danses et aux clubs de l’été. Le retour gagnant du groupe grâce à ses succès passés montre aussi les limites de leur stratégie : ayant joué à fond la carte de la nostalgie, le groupe peine à se renouveler et à se trouver de nouveaux horizons musicaux.
Disco TolosaLes Toulousains sont dès lors confrontés à un dilemme : se créer vaille que vaille un nouveau genre et évoluer, quitte à perdre une grande partie de leur audience au passage ou continuer à évoluer dans le domaine de la variété calibrée pour les pistes de danse avec le risque, cette fois, de tourner en rond en exploitant un patrimoine passéiste jusqu’à plus soif. Disco Funk, sorti en 2006, est un compromis plus qu’acceptable entre ces deux extrêmes.
Album de reprises des grands standards du funk et du disco (« Could It Be Magic », « Just an Illusion », « Act Like You Know »), l’album se veut un hommage aux grands du funk que furent Imagination, Donna Summer ou Fat Larry’s Band. Succès pour l’album qui voit les petits Frenchies du sud-ouest se réapproprier avec talent une certaine partie du patrimoine de la musique noire américaine.
Une tournée à travers la France démontre que la stratégie artistique d’Emile et Images porte ses fruits. Redevenus les rois des dancefloors avec leur revival funk, les Toulousains profitent de ce retour en grâce pour sortir une compilation de leurs sept années de carrière depuis la fusion sobrement appelée Emile et Images avant de participer à la grande tournée RFM 80. Les démons de minuit ne s’endorment jamais vraiment.