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L'histoire remonte à la rencontre, dans la région de Nantes, de Jean-Louis Jossic, Jean Chocun et Jean-Paul Corbineau. Tous trois font partie de cercles celtiques et souhaitent faire vivre la musique bretonne hors de ces associations de passionnés. Avec leur ami Bernard Baudriller, ils concrétisent leur projet et sortent, en 1972, un disque intitulé Tri Yann An Naoned (les trois Jean de Nantes) produit par Kelenn, maison de disques de Gilles Servat.
En 1973, leur carrière démarre réellement. En pleine vague de musique celtique, dont le fer de lance n'est autre qu'Alan Stivell, Tri Yann se produit à l'Olympia avec d'autres artistes bretons du label Kelenn, ainsi que dans tous les festivals du genre. Ils se font un nom dans d'autres régions de la Celtie avec un répertoire composé de chansons traditionnelles (« La Jument de Michao ») et de créations personnelles. Le groupe défend farouchement la culture et la langue bretonne en danger d'extinction, en particulier le gallo (langue de Haute-Bretagne, parlée dans le pays nantais).
Mais pour la survie du groupe au niveau national, l'évolution est obligatoire. Tri Yann inclut donc, à la fin des années 1970, batterie et instruments électriques (synthétiseurs, guitares, basse) à leurs compositions, à côtés d'instruments traditionnels (bombardes, cornemuses...). En 1977, le tout premier album du groupe devient disque d'or et l'année suivante c'est leur cinquième album, né de ce virage electro, qui obtient la même récompense, preuve que le groupe a su s'affranchir de l'étiquette « musique folklorique ».
Dans les années 1980, le groupe met son combat écologique sur le devant de la scène avec des titres comme « Le Soleil est noir », en référence à la marée noire crée par l'Amoco Cadiz en 1978, ou « Kan Ar Kann ». Il se produit dans divers festivals, de l'interceltique de Lorient au Roskilde au Danemark ou encore en Allemagne. Mais malgré un virage rock entériné avec l'arrivée de Jean-Luc Chevalier (ancien guitariste de Magma) dans le groupe, l'ascension de Tri Yann est suspendue.
Leur retour en force, au milieu des années 1990, est dû à la seconde vague de musique celtique. Beaucoup moins éphémère et massivement suivie en Europe (il est alors dans l'air du temps de faire valoir ses racines celtes), Tri Yann en profite pour redonner des concerts face à un public beaucoup plus jeune qui plébiscite les enregistrements en direct du groupe des « Trois Jean » fondateurs, rejoints entre-temps par cinq autres membres, multi-instrumentistes : Fredéric Bourgeois, Jean-Luc Chevalier, Gérard Goron, Konan Mevel et Christophe Peloil.
En 2001, après treize albums, le groupe fête ses trente années d'activité devant le public du Zénith de Paris, qui reprend dans la bonne humeur générale « Les Filles des forges » ou « Dans les prisons de Nantes ». Depuis 2003, le groupe s'est illustré avec la réalisation de spectacles thématiques de grande envergure (tels La Tradition Symphonique, Marines, Abysses) pour lesquels il est accompagné sur scène par l'Orchestre national des Pays de la Loire et le Bagad de Nantes. Les membres du groupe laissent ainsi s'exprimer librement leur extravagance et leur créativité (lumières, costumes), aux confluents de toutes les musiques.
Tri Yann célèbre avec faste en 2011 ses quarante ans de scène, tout d'abord avec Rummadou - Générations en breton - album conceptuel qui explore les musiques du passé, du présent et de l'avenir. Puis avec une tournée-évènement suivie d'un enregistrement en public. Tri Yann profite de la popularité nouvelle des chansons marines pour sortir en décembre 2012 Chansons de Marins, composé de nouveaux titres, de ré-enregistrements et de chansons puisées dans différents albums du groupe.
Tri Yann travaille ensuite à l'album La Belle Enchantée, basé sur les contes et légendes bretonnes, qui paraît en 2016. La formation donne à cette occasion un concert au Palais des Congrès à Paris.