A l’écoute de son premier album solo, l’ambition de Gystere aka Adrien Peskine ne fait pas grand mystère. En pliant l’espace-temps, il rassemble en un même point les influences qui l’ont façonné : “J’ai toujours cherché à créer l’artiste et la musique que je ne trouvais pas dans ma discothèque. Je me demandais “pourquoi cette musique n’existe pas ? Je n’ai qu’à la faire moi-même.”
Avant d’en arriver là, Adrien Peskine a connu plusieurs vies musicales. Celle de l’ado qui jouait les faux rebelles dans les bahuts de Las Vegas où il a passé une partie de sa jeunesse, puis celui qui traînait à 18 ans à New York et mimait difficilement la dextérité des musiciens qu’il observait là-bas; avant de retrouver les concerts dans le métro parisien, expérience résolument formatrice. Il développe par la suite un véritable profil d’artiste complet : songwriter, DJ, plasticien, réalisateur de clips ou pianiste pour Cerrone, le Jamel Comedy Club, le Grand Journal… Une ribambelle de projets musicaux à plusieurs émerge
vite dans la foulée : entre soul et punk avec Disto TV , rap de potes avec Frer 200 , ou au sein de Mc Luvin , duo pop sophistiqué qui enchaîne les tournées en premières parties de Yuksek ou Stromae. Patiemment mûries en marge de toutes ces activités, ses ambitions les plus personnelles prennent vie au sein de Gystere ; synthétisant son parcours tout en creusant plus loin des pistes qui lui tiennent à coeur. Fort d’un puissant groupe live de six musiciens (le Gystère Live Gang), il fait maintenant converger groove subtile, écriture à tiroirs et psychédélisme exacerbé, sous un thème afro-futuriste qui renvoie au jazz-funk vaudou des 70s tout autant
qu’à l’activisme anti-raciste de notre époque. En 2019, le premier diptyque à émerger de ce projet solo part du tropicalisme cosmique de Womxn jusque dans le classic funk de Time Machine.
En 2020, sur son premier album, A Little Story, sous le faste des harmonies vocales et les suites d’accords acrobatiques se déploie l’ampleur du projet musical, entre soul spirituelle et afro-prog assumé. Gystere déroule son histoire en deux temps : une partie ouvertement présentée comme une revanche sur le harcèlement policier et le racisme qu’il connaît depuis ses jeunes années, une seconde ouvertement anti-sexiste. À ces compositions s’ajoute une dimension visuelle travaillée, poussée par une série de clips et de micro-émissions dans lesquels s’entrechoquent les préoccupations de Gystere, à grand renfort de fond vert, de masques et maquettes.