Rythm & flouze C’est à New York que naît Terence Trent Howard, le 15 mars 1962. Ses parents adoptifs, les Darby, musiciens de talent (son père, pasteur de profession, est guitariste à ses heures, et sa mère est chanteuse de Gospel), apportent une éducation artistique poussée à leur fils, qui chante dans des chorales durant son adolescence.
Jeune homme plutôt solitaire, Terence apprécie modérément la vie aux Etats-Unis : après avoir été tenté par des études de journalisme, il profite de son séjour sous les drapeaux pour découvrir les charmes de la vie d’expatrié. Caserné en Allemagne au milieu des années 1980, le jeune homme est si peu convaincu par le prestige de l’uniforme qu’il finit par déserter : il commence d’emblée à travailler dans la musique, en participant à un groupe de Funk, The Touch, cornaqué par le producteur Frank Farian.
Le musicien se fait alors appeler Terence Trent Darby, utilisant le nom de ses parents adoptifs, mais il ajoute bientôt à son patronyme une apostrophe aristocratique : d’Allemagne, l’Américain expatrié passe en Grande-Bretagne, où il participe brièvement au groupe The Bojangels.
Mais c’est une carrière solo que vise Terence : portant sa maquette d’une maison de disques à l’autre, « D’Arby » finit par convaincre CBS, qui voit dans ce beau noir américain à dreadlocks un fort potentiel commercial. Dans les années où triomphent Michael Jackson et Prince, Terence Trent D’Arby, qui pratique un mélange efficace de R&B, de funk et de pop, est un produit marketing des plus efficaces, soutenu fort heureusement par un authentique talent musical.
Le premier album de TTD, « Introducing the Hardline According to Terence Trent D'Arby » , sort en Grande-Bretagne à l’été 1987 et aux Etats-Unis en octobre de la même année : énorme succès au Royaume-Uni, où il s’écoule à un million d’exemplaires en quelques jours, le disque met plus de temps à démarrer dans le pays natal de l’artiste, où il parvient tout de même finalement à escalader les classements de ventes.
« I am a genius »En 1988, « Wishing well », le troisième single issu de l’album, est l’un des plus gros succès de l’américain, et se place à la première place du hit-parade américain. Interprétant un R&B élaboré et recherché, Terence Trent D’Arby a des allures d’idoles des jeunes quelque peu intellectuel, auteur-compositeur-interprète-arrangeur-producteur ne craignant pas de se montrer quelque peu mégalomane : le public, notamment aux Etats-Unis, accueille avec sympathie et curiosité ce chanteur qui affirme sans sourciller « Je suis un génie » et se compare favorablement à The Beatles, sans que l’on sache où est la part de l’humour dans ses déclarations.
La majorité de la critique américaine n’apprécie en tout cas que modérément l’attitude de l’artiste et, en 1989, se fait plaisir en descendant en flammes le second opus de Terence Trent D’Arby, Neither Fish Nor Flesh. Bien qu’égalant pas celui du premier album, le succès commercial est néanmoins toujours au rendez-vous.
Mais Terence Trent D’Arby commence à traverser une période de crise. Crise artistique, d’abord : le chanteur perd de l’intérêt pour le ryhtm & blues et s’oriente vers un style plus rock ; sa maturation artistique lui prend néanmoins près de quatre ans, pour aboutir sur un nouvel album, Symphony or Damn.
Crise personnelle, ensuite : les tomates pourries que lui envoie régulièrement une partie de la critique se doublent d’attaques au cœur de l’industrie musicale, que Terence Trent D’Arby attribuera plus tard à une grande vedette (qu’il s’abstient de nommer), désireuse de couler un concurrent. Le chanteur tente de se renouveler en adoptant un nouveau look, coupant ses dreadlocks et se teignant les cheveux en blond.
De plus en plus mal à l’aise dans son métier, D’Arby entretient des relations tendues avec son label, qu’il finit par quitter en mauvais termes en 1996. Sa nouvelle maison de disques, Java Records, lui porte encore moins chance : l’album devant assurer son come-back, titré en toute modestie Terence Trent D'Arby's Solar Return, est mis sous le coude par le label, qui décide tranquillement de ne pas le sortir dans les bacs. Se résolvant à racheter les droits de son propre album, Terence Trent D’Arby se retrouve à nouveau sans label, son aura de star réduite à néant par la décennie 1990.
New name, new lifeC’est finalement par un changement d’état-civil que Terence Trent D’Arby résume ses efforts pour remonter la pente : inspiré par une série de rêves, le chanteur se rebaptise Sananda Maitreya, nom qu’il adopte légalement. A nouveau installé en permanence sur le sol européen (d’abord en Allemagne, à Munich), l’ex-rival de Michael Jackson monte son propre label, Treehouse Pub.
Sananda Maitreya distribue son album maudit, rebaptisé Wildcard, sur son site internet : la qualité de la musique attire l’attention de Universal, qui en assure ensuite la distribution. Mais c’est désormais sur le web que se trouve le salut pour l’ex-Terence Trent D’Arby, qui distribue ses albums via sa boutique internet.
En 2002, Sananda Maitreya, revenu à son look dreadlocks, s’installe en Italie, dans la région de Milan, et continue sa carrière musicale, se produisant dans divers festivals et parlant désormais de ses années de gloire planétaire avec humour et distance. Les paillettes s’effacent, mais pas le talent.