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Fière native de la Bigorre, Yvette Horner pousse ses premiers cris à Tarbes (Hautes-Pyrénées) le 22 septembre 1922. Elle passe par le Conservatoire de Tarbes puis par celui de Toulouse (Haute-Garonne) où elle obtient un Premier Prix de piano à onze ans. Sa mère la convainc ensuite de se tourner vers le populaire piano à bretelles, où elle pressent que sa fille pourra se faire une place au soleil. Après des débuts dans sa région natale, Yvette Horner monte à Paris pour donner une nouvelle dimension à sa carrière naissante. En 1948, elle remporte la Coupe du Monde de l'accordéon et devient une vedette du musette. Son album Le Jardin Secret d'Yvette Horner, mi-piano mi-accordéon, remporte en 1950 le Grand Prix de l'Académie Charles-Cros.
Elle bénéficie du soutien et de l'attention indéfectibles de son mari René Droesch, ancien footballeur professionnel rencontré en 1936, qui la conseille et la cajole. C'est avec son accord qu'elle commence à suivre la caravane du Tour de France à partir de 1952. Elle jouera à l'arrivée de chaque étape durant onze années. Elle est également élue reine des Six Jours de Paris, populaire course de vélos disputée au Vélodrome d'Hiver. Personnage populaire au coeur des Trente Glorieuses, Yvette Horner incarne alors la France traditionnelle, bien loin des remous de la pop et du rock symbolisés par les cheveux longs et The Beatles.
Multipliant les galas et les enregistrements, "vevette" traverse les années soixante, soixante-dix et quatre-vingt avec une image qui devient peu à peu ringarde. Mais Yvette Horner a plus d'un tour dans sa chevelure flamboyante, elle participe avec éclat en 1989 au cérémonies du Bicentenaire de la Révolution Française, en se produisant avec l'Orchestre National de Jazz dirigé pour la circonstance par Quicy Jones. Dès lors la nouvelle vie d'Yvette Horner est en marche.
Pour son spectacle au Casino de Paris en 1990, c'est Jean-Paul Gaultier qui conçoit des tenues de scène des plus branchées. Pour ne pas être en reste musicalement, Yvette Horner sort le titre de rap accordéon « Play Yvette ». Il devient bientôt de bon ton d'adorer Yvette Horner et son personnage kitsch à souhait. Il serait faux de croire que le changement qui s'opère ne concerne que l'apparence, car Yvette Horner persévère dans la recherche musicale.
En 1995 sort l'album Yvette Horner et les Cash où elle joue du rap, du rock, et même du metal. La métamorphose artistique ne s'arrête pas là, Yvette Horner se produit en 1997 avec Marcel Azzola et l'Orchestre Philharmonique Européen au Palais des Congrès à Paris. En 1998, c'est Maurice Béjart qui l'invite pour sa version du ballet Casse-Noisette. Yvette Horner se frotte ensuite au free jazz en 2001 pour le Festival Sons d'Hiver. La princesse de l'accordéon sort en 2005 ses mémoires intitulées Le Biscuit dans la Poche. Toujours sur la brèche en 2011, elle participe à l'album Bichon de Julien Doré et met une dernière touche à la ressortie de son album Hors Normes - sorti à compte d'auteur en 2007 - où figurent Richard Galliano, Didier Lockwood ou Lio.
Des compilations comme Princesse Accordéon (2010) et Accordéon d'Or (2011) permettent de retrouver ses thèmes les plus célèbres. Quelques années après et au bout d'une vie remplie de musique, la reine de l'accordéon rend son dernier souffle le 11 juin 2018, à l'âge de 95 ans. Son décès donne lieu à de nombreux hommages.