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Si Johnny Rotten incarne, par sa vivacité d'esprit, son art de confondre roublardise et intégrité, le mouvement punk dans sa splendeur, alors Sid Vicious en a magnifié tous ses aspects les plus pathétiques. La vie et plus encore la mort de l'incontrôlable bassiste des Sex Pistols ne sont qu'une suite de gâchis. Paumé parmi les paumés, Sid Vicious ne connaissait même pas son vrai nom. Fils de militaire élevé par une mère hippie et sans le sou, Sid s'appelait tantôt John Beverley, tantôt John Ritchie. Qu'importe, le surnom que lui donna Rotten en hommage à son hamster enragé lui allait comme un gant.
Bête et méchant. Adolescent, Sid, fan de David Bowie souvent imbibé, est déjà loin d'être une lumière. Lydon le solitaire s'en fait un copain parce qu'il l'amuse par sa naïveté. Dès les débuts des Pistols, Sid fait partie de leurs inconditionnels, de leur garde rapprochée. Violent, il est souvent à l'origine des bagarres provoquées au cours de leurs concerts. On lui attribue même l'invention du pogo (cette danse brutale pratiquée lors des concerts punk). Par son comportement, son apparence physique - une silhouette famélique aux cheveux de jais hérissés -, Vicious est la caricature du punk bête et méchant. Batteur de Siouxsie And The Banshees puis bassiste de Flowers Of Romance, il n'est en rien musicien. Mais, après le départ de Glen Matlock des Pistols en février 1977, il s'impose comme le candidat désigné pour le remplacer. Rotten trouve en lui un allié, McLaren une figure aussi dangereuse que médiatique. Son fameux cadenas porté autour du cou devient le signe de reconnaissance des punks les plus primaires. Junkie, Vicious brille plus par son goût pour l'automutilation que par son jeu de basse. Il inquiète tous ceux qui l'approchent. Tous, sauf la groupie américaine, Nancy Spungen, sa compagne d'infortune. Celle qu'il poignarde dans une chambre sordide du Chelsea Hotel de New York le 12 octobre 1978, alors qu'il entame une carrière de crooner destroy avec l'appui d'anciens Pistols ou Heartbreakers (chantant par dérision « My Way », d'après le « Comme d'habitude » de Claude François). Incarcéré, Vicious tente par deux fois de se suicider. Libéré sous caution par McLaren, Vicious continue à sombrer. Il meurt d'une overdose d'héroïne à New York, le 2 février 1979.
H. C.
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