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Ange Philippe Paul André Léotard-Tomasi voit le jour à Nice le 28 août 1940. Il est le premier garçon d'une fratrie de sept enfants, le grand frère de l'homme politique François Léotard. Même si tous deux se sont illustrés dans des carrières opposées, ils vouent une forte admiration l'un à l'autre.
Philippe Léotard est également le petit-fils d'Ange Tomasi, artiste corse pionnier de la photographie, et le fils d'André Léotard, maire de Fréjus de 1959 à 1971. Enfant, il souffre de rhumatismes articulaires (maladie de Bouillaud) qui le poussent à rester souvent alité. Il en tire rapidement partie en se prenant de passion pour la littérature, en particulier les oeuvres de Lautréamont et Baudelaire. Puis, il se plonge dans les classiques de la littérature française et étrangère, à l'occasion d'études au Lycée Henri IV puis à la Sorbonne, où il obtient une licence de Lettres. Il devient professeur par nécessité pendant quelques années et commence à s'intéresser au théâtre.
A cette période, en 1959, il fait la connaissance d'Ariane Mnouchkine. Ensemble, ils fondent une troupe de théâtre communautaire, populaire et ambitieuse, qui devient en 1964 le Théâtre du Soleil. En 1970, il quitte Mnouchkine et sa troupe pour jouer au Théâtre National Populaire de Paris. Léotard dévore la vie et la brûle par les deux bouts. Ses excès, sa fougue, sont repérés par François Truffaut qui le fait jouer dans le film Domicile conjugal (1970).
Débute alors une prolifique carrière cinématographique. Dans Max et les ferrailleurs, il partage l'affiche avec Romy Schneider et Michel Piccoli. Suivent Une Belle fille comme moi, Avoir vingt ans dans les Aurès, en 1972, et La Traque en 1975. Grâce au rôle de Dédé, truand dans La Balance, il joue avec sa compagne Nathalie Baye et décroche un César du meilleur acteur en 1983. Il campe le flic traquant Coluche, dans Tchao Pantin. Au total plus de soixante-dix films se succèdent jusqu'à la fin des années 1990. Mais à mesure que son succès grandit, augmente sa consommation de drogues et d'alcools et une vie pour le moins dissolue, dont il se cache à peine. Il se déclare publiquement, par amour de la provocation, Ministre de la défonse, lorsque que son frère poursuivant sa carrière politique, est nommé Ministre de la Défense.
Léotard, grand admirateur d'Henri Michaud (également adepte d'expérimentations et de travail sous psychotropes) écrit sans relâche et se laisse tenter par la chanson. Il signe les ouvrages Portrait de l'artiste au nez rouge, et Pas un jour sans une ligne, publiés respectivement 1988 et en 1992. Entre ces deux livres, il sort, en 1990, son premier album de chansons A l'Amour comme à la Guerre, qui reçoit le Prix de l'Académie Charles Cros. Sa voix rauque y éructe des textes poétiques, humanistes et réalistes, dans la grande tradition des interprètes possédés « à la Ferré ». Justement, son second album de chansons est un hommage au lion de la chanson française Philippe Léotard Chante Léo Ferré, sorti en 1994. Il lui vaut un second prix Charles Cros.
Mais l'oeuvre de l'artiste pâtit des faiblesses de l'homme. Il frôle parfois la mort au cours d'expériences éthyliques trop extrêmes. Il paie aussi par la prison son implication dans un trafic de cocaïne, en 1995. Ses rôles au cinéma en étant raréfiés, Philippe Léotard se concentre sur ses premières amours, les mots, et publie l'album jazz Je Rêve Que Je Dors, en 1996. Suit l'ouvrage Clinique de la raison close, publié en 1997 aux éditions Les Belles Lettres.
En 1999, sort l'album Demi-Mots Amers. On y trouve une lecture du chef d'oeuvre de Rimbaud, Le Bateau ivre. Deux ans plus tard, « L'artiste au nez rouge », le bouleversant Léotard aux yeux de clown triste, meurt dans une clinique parisienne, à l'aube de ses 61 ans, le 25 août, d'une insuffisance respiratoire.