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Née dans une fratrie de cinq frères et soeurs, Leila Arab voit le jour en 1971 à Téhéran en Iran. Son père dirige un hôtel luxueux et s'occupe également de l'importation de journaux étrangers. Quand survient la révolution islamique de l'Ayatollah Khomeiny en 1979, le père figure parmi les dix notables proches du Shah d'Iran à abattre.
Exil forcé
La famille Arab est contrainte de fuir et obtient l'asile politique à Londres. L'intégration est difficile car un niveau de vie très modeste succède à une grande aisance matérielle. La famille vit très soudée pour affronter l'adversité de cet exil forcé. Leila supporte mal le soudain passage à une autre culture, se réfugie dans l'art et devient une acheteuse compulsive de disques.
A 18 ans, elle entreprend un cursus en communication à l'Université du Staffordshire où elle étudie l'audiovisuel, le cinéma et la radio. Elle s'y spécialise dans le cinéma tchèque des années 60 mais aussi américain puisqu'elle écrit une thèse sur l'acteur réalisateur Dennis Hopper. Parallèlement, elle s'exerce aux platines dans la maison familiale en scratchant sur ses disques favoris. Elle s'intéresse également aux claviers analogiques et aux séquenceurs et compose ses premiers instrumentaux. Ses premières prestations musicales sont dans le deejing où ses sélections vont du jazz au hip-hop en passant par la soul. Ses influences réunissent le rappeur Rakim, Prince (dont elle est une fan obsessionnelle) mais aussi John Coltrane et son album hispanisant Olé (1964).
DJ Leila
Les années 1990 voient les free parties battent leur plein en Angleterre pour cause de vague « acid house ». Leila fréquente ces fêtes improvisées et se découvre un intérêt marqué pour les musiques électroniques et plus spécifiquement sa frange la plus hardcore. Sa réputation de DJ s'affirme au point d'être approchée par Gilles Peterson, DJ renommé, créateur du label Talkin' Loud et promoteur de la vague « acid jazz » des années 90.
Impressionné par ses qualités de musicienne et ses sélections très sûres, Gilles Peterson la recommande à la chanteuse islandaise Björk qui recherche des musiciens pour la tournée de son premier album Debut. Björk fait aussitôt confiance à la jeune iranienne lui laissant le soin des claviers. A la suite de cette tournée et après celle de l'album Post de Björk (où Leila mixe le groupe en direct comme ingénieur du son), elle élabore chez elle un home studio et y compose ses premiers titres. Björk lui fait rencontrer la vedette électronique du label Warp Richard D. James alias Aphex Twin qui dirige depuis 1992 le label Rephlex. Immédiatement séduit par ses morceaux, Richard D. James décide de les sortir sur son label. Le premier maxi « Don't Fall Asleep » sort en 1997 et fait tout de suite grosse impression.
Des claviers de Björk à Like Weather
Le premier album Like Weather, sorti en mars 1998, à la hauteur des attentes fait d'elle la nouvelle égérie de la scène électronique auprès de la presse musicale anglaise. Composé d'instrumentaux et de morceaux vocaux (sa soeur Roya déjà vocaliste pour Archive y participe), l'album détonne par un son poisseux et négligé sur fond de mélodies contemplatives dignes de Portishead et Massive Attack. Malheureusement, une distribution erratique empêche l'album de trouver un vaste public même si la réputation de Leila grandit parmi ses pairs. Soucieuse de corriger cette diffusion manquée, elle signe en 1999 avec le label XL Recordings qui accueille des musiciens électroniques à fortes ventes comme The Prodigy et Basement Jaxx. Le maxi « Sodastream », tout aussi intransigeant que les titres sortis sur Rephlex, sort en Septembre 1999 accompagné d'une vidéo sous forme de dessin animé.
Le nouvel album Courtesy Of Choice sorti en septembre 2000 bénéficie d'un son plus clair, mais se démarque peu du précédent malgré des incursions plus franches du côté du jazz et de la musique de film atmosphérique à la Angelo Badalamenti le compositeur attitré de David Lynch. La presse musicale le reçoit assez injustement lui reprochant sa trop grande similitude avec le premier disque. Pour promouvoir l'album, Leila Arab accepte une tournée européenne mais uniquement en tant que DJ. Son mélange de musique concrète, de jazz et de voix enregistrées sur bandes déroute et laisse sonnés les auditeurs du festival français Aquaplaning de Hyères.
Eclipse et retour réussi
Leila, après cette tournée, décide de mettre en veille ses activités musicales pour prendre soin de sa mère très malade. Celle-ci meurt en 2002 et un an plus tard c'est son père qui décède. Ces deuils répétés vont éteindre toute créativité chez Leila qui va vivre recluse pendant cinq ans à l'exception de collaborations éparses aux albums Medula et Drawing Restraint 9 de son amie Björk. Encouragée par sa soeur Roya et ses amis chanteurs Luca Santucci et Donna Paul, elle reprend intérêt à la musique.
Leila crée une page Myspace où elle met en ligne trois nouveaux morceaux. Le label Warp Records d'Aphex Twin lui propose un contrat et après huit ans d'absence Leila signe son grand retour en juillet 2008 avec Blood, Looms and Blooms. On y retrouve les mêmes intervenants vocaux que sur les deux premiers albums augmentés de Martina Topley-Bird ex-chanteuse sur les premiers Tricky et de Terry Hall le chanteur mythique de The Specials. L'album est salué unanimement par la presse comme son disque le plus accompli. Réconfortée par cet accueil inespéré après cette éclipse, Leila entreprend une tournée européenne passant par Paris. U&I en 2012 confirme le retour de Leila au premier plan avec la présence du producteur Mount Sims à ses côtés.