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Née à Shawinigan (dans la province québécoise de Mauricie) en 1943, Louise Belhumeur intègre très rapidement l’école nationale de théâtre de Montréal où elle fait la connaissance de Robert Charlebois avec lequel elle se lie d’amitié. Entamant une carrière de chanteuse, elle reprend le répertoire de Boris Vian ou Léo Ferré, un répertoire auquel s’adjoint très vite celui de son ancien condisciple devenu une star au Québec. Un passage à l’émission Jeunesse Oblige en 1966 lui offre un premier tremplin pour l’enregistrement d’un album, La boulée, sur laquelle elle reprend quelques titres de Charlebois en plus de ses compositions personnelles.
Demain, Montréal m’attend Faisant désormais partie de la nouvelle vague de chanteurs québécois aux côtés de Plume Latraverse, Pauline Julien ou Clémence Desrochers. Elle participe, en 1967, au projet pharaonique Chansons folkloriques du Canada, compilant la plupart des airs traditionnels de ce pays. Accompagnant Robert Charlebois au Théâtre de Quat’ Sous, Louise Forestier sort un album de duos simplement intitulé Robert Charlebois avec Louise Forestier reprenant les grands titres des deux auteurs interprètes. Une collaboration qui est loin d’être la dernière puisque le duo est amené à se reformer à plusieurs reprises, que ce soit à titre exceptionnel dans le cadre d’une émission de télévision ou d’un album original. Côté carrière personnelle, c’est surtout dans des pièces musicales comme Lindberg, California ou Demain, Montréal m’attend que se produit Louise Forestier durant la fin des années 1960 et le début 70.
Son nom est 13... Ixe 13De revues en albums, Louise Forestier devient une incontournable de la chanson québécoise et les disques sortent avec la régularité d’un métronome. Dans la prison de Londres ou Le réel à Ti-Guy sont autant d’albums qui consacrent le talent de la chanteuse et surtout son succès, que ce soit dans son pays ou dans le reste du monde francophone. Contactée par le cinéma en 1972, elle interprète le rôle de la compagne du James Bond canadien, l’agent Ixe-13 dans le film éponyme dont elle chante par ailleurs la bande originale. Film musical par excellence, Ixe-13 mêle chansons, humour et parodie de films d’espionnage. Encore aujourd’hui, le métrage (dans lequel apparaît l’alors débutante Carole Laure) est considéré comme culte par les cinéphiles du Québec.
La diva de ShawiniganMarquée par les influences disco de son époque, Louise Forestier s’éloigne de son répertoire traditionnel pour intégrer quelques notes funky à ses tours de chant. Cela ne l’empêche cependant pas de rendre hommage aux grands de la chanson canadienne que sont Gilles Vigneault ou Robert Charlebois au gré de reprises qu’elle intègre à ses albums ou ses prestations sur scène. Aux alentours de la moitié des années 1970, Louise Forestier se lance dans la chanson réaliste à fort caractère social, notamment dans les albums On est bien mieux chez nous et L’accroche-cœur en 1976 et 1978 dans lesquelles la québécoise de Shawinigan se transforme presque en vraie diva parisienne digne des cabarets de Montmartre. Elle se produit d’ailleurs à Paris la même année avant de chanter pour le public du Printemps de Bourges.
La star de StarmaniaEn 1981, le producteur Luc Plamondon a l’idée d’un spectacle musical uchronique à base de bandes de blousons noirs, de travestis, de serveuse4s robotisées et d’hommes d’affaires ayant voulu être des artistes. Pour le rôle de Marie-Jeanne, la serveuse automate amoureuse de Ziggy, Plamondon pense à Louise Forestier, pilier de la chanson québécoise. En dépit du thème sulfureux du show, la chanteuse accepte d’y participer. Son intuition est bonne car Starmania, premier opéra-rock en français est un immense succès planétaire qui starifie au passage la quasi totalité de son casting d’origine. Deux ans plus tard, elle repart à nouveau en tournée, sous son nom cette fois, à travers le Canada et même l’URSS où elle triomphe en réinterprétant les grands classiques de Jacques Brel.
En quête d’une chansonApparaissant dans le feuilleton mélodramatique Des dames de cœur, Louise Forestier consacre quelques années à la présentation d’une émission musicale avant de revenir à la chanson proprement dite au début des années 1990 avec l’album Bouche à oreille puis, en 1993, avec Vingt personnages en quête d’une chanson qui revient sur ses presque trente ans de carrière. Théâtre, radio, cinéma, concerts, parrainage de festivals à travers tout le Québec, Louise Forestier ne chôme pas. En 1997, Forestier chante Louise est le premier album d’une chanteuse qui, a force de multiplier les casquettes, ne trouve presque plus temps pour composer pour elle-même.
Éternelle éphémèrePrenant désormais le temps de peaufiner avec son chacun de ses disques, loin de la productivité débridée des débuts. Accessoirement, devenue quasiment une institution au Canada, Louise Forestier peut se permettre de souffler un peu et de laisser passer du temps entre chaque album. Lumières, en 2003 marque son grand retour à la chanson alors que sollicitée de toutes parts, elle écrit au profit de Nana Mouskouri, Isabelle Boulay ou encore Eric Lapointe. Collaborant occasionnellement avec ses amis de longue date Renée Claude et Robert Charlebois, elle se produit également aux côtés d’une génération de chanteurs plus jeunes comme Daniel Lavoie. En 2008 sort Ephémère, son nouvel album, lequel reçoit le Prix de l’Académie Charles Cros. Une récompense un peu tardive mais saluant le talent d’une grande dame de la chanson.