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Au cours de son adolescence, Louis Gasté découvre le jazz récemment importé en France par les troupes américaines à la fin de la Première Guerre mondiale. En 1927 (il a 19 ans), une photo nous montre Loulou avec Charly Schaff et Coco Kiehn, au sein du Rector's Club Orchestra du Perroquet, un night-club du Caire. Il s'agit certainement ici de ses premiers pas au sein d'un orchestre de Jazz. En 1929, il entre comme guitariste dans la formation des « Collégiens » récemment créée par Ray Ventura. Ses premières chansons seront destinées à cette formation. Ils deviennent célèbres du jour au lendemain, et donnent aussitôt des concerts dans toute l'Europe. Parmi les musiciens, citons le pianiste-compositeur Paul Misraki, Raymond Legrand (futur grand chef d'orchestre), Noël Chiboust, le chanteur Pierre Mingand, bientôt Jacques Hélian.
En 1935 il enregistre « Tout va très bien , madame la Marquise » chez Pathé.1939 marque la fin du groupe, c'est à ce moment là que Loulou Gasté rencontre Lucienne Boyer, qui le prend sous son aile, et il devient, pendant un temps, son accompagnateur. Il compose parallèlement les premières chansons de Jacques Pills, mari de Lucienne, ainsi que d'autres, enregistrées par quelques-une des vedettes de l'époque.
Outre Jacques Pills « Elle était swing », « Avec son ukulélé » (1941), André Dassary « Il faisait trop dimanche » (1941) et Tino Rossi « Le Chant du gardian » (film Le Soleil a toujours raison, 1941) sont les premiers à le chanter. Au cours de cette période, il écrit également pour le cinéma et s’essaie même à l’opérette, mais sans grand succès, peut-être du fait que l’œuvre ne sera jouée qu’en province (La Rose du Bengale, 1948, avec Rudy Hirigoyen).
En septembre 1945, à 37 ans, Louis Gasté (par l'intermédiaire d'une de ses interprètes, Josette Daydé) fait une rencontre qui va changer sa vie, celle de la jeune chanteuse Jacqueline Ray (de son véritable nom Jacqueline Enté) alors âgée de 16 ans, arrivée d’Armentières, dans le Nord. Il prend sa carrière en main, et la conduit rapidement à la réussite sous le nom de Line Renaud. Au cours des années 1950, le succès ne se dément pas (« Du haut du Sacré-Cœur »,1953, avec Armand Mestral). Louis Gasté compose non seulement pour Line Renaud, mais encore pour la plupart des chanteurs en vogue.
En 1959, la carrière de Loulou Gasté prend un nouveau tournant, puisque, sur la demande d'Henri Varna, l'un des rois du Music-Hall parisien, il écrit, compose et conçoit de A à Z une revue à grand spectacle intitulée Plaisir, dont Line sera la vedette, au Casino de Paris. Parmi les airs composés par Loulou, citons « Un jour je reverrai Paris », « Un amour d'été » , « Viva Cuba » … La revue va tenir l'affiche pendant quatre ans.
C'est là que les directeurs artistiques du Dunes, l'un des plus grands casinos de Las Vegas, engagent Line pour une autre revue spécialement créée à son intention. Prévue pour trois mois la revue du Casino de Paris à Las Vegas durera deux ans (1964-1965).
De retour à Paris, Loulou compose toute la musique de la nouvelle revue du Casino de Paris Désir (1966-1967). Mais en 1968, Las Vegas rappelle Line pour un autre spectacle tout aussi grandiose, dont elle va également assurer la mise en scène et la direction artistique.
En 1970, Loulou monte un nouveau studio d'enregistrements, et il compose de nouveaux succès pour Line, dont « Bye Bye » avec Serge Lama.
En 1976, Louis Gasté constate avec stupéfaction qu’une de ses chansons, « Pour toi », a été plagiée sans vergogne par un obscur musicien brésilien et est en passe de devenir, à partir des États-Unis, un succès planétaire sous le titre de « Feeling ». Justice lui est finalement rendue à l’issue d’un long procès (1981-1987)
Le soir du 27 octobre 1982, Loulou est opéré d'extrême urgence d'une rupture d'anévrisme. Les Professeurs Cormier et Lorian lui donnent une chance sur deux de survie.
En 1990, Loulou Gasté enregistre en ultime disque, un CD 2 titres comportant la toute première chanson qu'il ait composée, « Elle était swing » et la dernière en date, « Un pianiste américain ».
Loulou Gasté est décédé le 8 janvier 1995 à 8 heures du matin à son domicile Les Cèdres Bleus à Rueil Malmaison. Il allait entrer dans sa 88ème année.