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Jacques Duvall est né Eric Verwilghen à Schaerbeek, une commune de Bruxelles, le 1er août 1952.
Comme les enfants de sa génération, nés juste après la seconde guerre mondiale, il assiste aux débuts des yé-yés et du rock. Ce sont Johnny Hallyday et Antoine, deux modèles certes antinomiques, aperçus à la télévision, qui le font s’intéresser à la musique et surtout à la chanson. Car c’est pour cette forme précise d’écriture que Duvall se passionne. Si, par la suite, il est marqué par le style et l’attitude des stars du rock et de la folk, des Rolling Stones à Bob Dylan, c’est encore et toujours aux textes de leurs chansons qu’il s’attache.
Lorsqu’il fait la connaissance de Jay Alanski, au milieu des années 1970, il trouve un alter ego avec qui partager son violon d’Ingres. Tous deux ont la même discothèque, et s’intéressent autant à Leonard Cohen qu’à Jacques Dutronc, pour la qualité des mots d’esprit et de la langue qu’ils emploient dans leurs chansons. Ils commencent l’un et l’autre à écrire. Leurs textes pas vraiment sages, vont d’abord intéresser Marie France, icône transgenre du music-hall. Le succès est modéré mais les comparses préfèrent de toute façon rester dans l’ombre de leurs interprètes. Sous le pseudonyme de Éric Hagen-Dierks, ou Hagen Dierks, Eric Verwilghen aime être libre.
Humour toujoursSans se prendre vraiment au sérieux, il envoie un jour, une chanson au manager de The Runaways, groupe de rock californien composée de femmes (on doit à sa chanteuse Joan Jett la fameuse reprise de The Arrows « I Love Rock & Roll »), voulant simplement prouver à son complice Alanski qu’il est capable d’écrire de bien meilleures chansons que celles qu’il entend sur leurs albums. Effectivement, le groupe utilisera son texte un an après l’avoir reçu.
A cette époque, il travaille à la médiathèque de Bruxelles. Il voit un soir le film L’Homme au bras d’or, dans lequel, joue un autre de ses chanteurs favoris, Frank Sinatra. Dans une scène, le crooner annonce « Un jour, quand je serai connu, je me prendrai un pseudonyme extrêmement classe, genre Jacques Duvall ». La formule n’est pas tombée dans l’oreille d’un sourd, mais dans celle d’un amoureux de bons mots : il adopte le classieux pseudonyme.
Et Bruxelles brussellaitEn 1977, à Bruxelles, il fait la rencontre d’une jeune fille de 14 ans, prénommée Wanda De Vasconcelos, et trouve qu'elle ressemble étrangement à Lio, le personnage de la bande dessinée Barbarella, créée par Jean-Claude Forest dans les années soixante. Bien sur, il s’agit de la future chanteuse et comédienne aujourd’hui connue sous ce nom. Elle se lie d’amitié avec Verwilghen-Duvall. Avec Alanski, il écrit pour elle la chanson « Banana split », mais le titre va être refusé partout pendant deux ans. En 1979, le single sort enfin et connait un succès énorme, plus d’un million d’exemplaires vendus. Une surprise à la fois pour l’interprète et les créateurs de la chanson.
En 1980, il se lit d’amitié avec Alain Chamfort et (succédant à Serge Gainsbourg) lui écrit les paroles de la chanson « Paradis », figurant sur son album sorti en 1981. C’est le début d’une amitié entre les deux hommes. Jacques Duvall enregistre les années suivantes, quelques chansons qu’il chante lui-même et un album solo, intitulé Comme La Romaine qui sort en 1983, mais qui ne lui permet pas de connaître la même renommée. Il chante également « Je te hais » une adaptation de la chanson « Ti Amo » d’Umberto Tozzi, en 1988, avant la parution de Je Déçois… (1990), puis d’une compilation Confessions et Plaisanteries - 1981-1989. Indubitablement, Duval ne peut se détacher du second degré et de l'autodérision qui sont ses marques de fabrique.
Homme de l'ombreSerait-ce le relatif insuccès de ses albums solo ou une timidité dont il ne viendrait à bout que par procuration, à travers des interprètes de renom ? Toujours est-il qu’au fil des années, d’autres ont profité de la plume de Jacques Duvall. Dans son palmarès, se trouvent bien sur Lio (« Banana Split », « Les brunes comptent pas pour des prunes », « Fallait pas commencer », « Mona Lisa »), Marie France (« Daisy », « Déréglée » ) mais aussi, Bijou (« Lola », « Passage souterrain »), Jane Birkin (« Les clés du paradis »), Amina (« Le cercle rouge »), Elsa (« Bouscule-moi »), Marc Lavoine (« Passent les nuages »), Enzo Enzo (« Rien ne sèche plus vite qu'une larme »), Dani (« J'voudrais que quelqu'un me choisisse », « Laissez-moi rire ») et Alain Chamfort, pour qui il n’a cessé d’écrire depuis 1981.
Jacques Duvall, qui a déclaré en 2003 être « prêt à écrire pour n’importe qui, mais pas n’importe quoi », officie depuis 2006 dans le groupe liégeois Phantom, (il est le parolier et troisième membre du trio qui n’existerait pas sans lui) et ne devrait rester l’homme de l’ombre des prochains albums de Chamfort, Lio, et Marie France.